La manifestation du 26 janvier 2016 a réunie pas loin de 600 personnes à Evreux (cf diaporama) et s'est terminée par une prise de parole Intersyndicale devant la préfecture.
Prise de parole Intersyndicale du 26 JANVIER 2016
CGT / FO / FSU / Solidaires
La France connaît une crise économique, sociale, idéologique qui dure depuis maintenant de très longues années. Cette crise,a des effets dévastateurs sur la cohésion sociale,pousse dans une véritable misère et désespérance une partie de plus en plus grande de la population. Sans que cela soit la seule explication à cette désagrégation sociale, comment ne pas constater que ces régressions s’accélèrent à mesure que les attaques contre les fonctions publiques se font plus fortes.
Comment pourrait-il en être autrement ? S’attaquer aux fonctions publiques, qu’elles soient de l’Etat, de la Territoriale ou de l’Hospitalière, c’est s’attaquer à ce qui a pour mission de garantir l’égalité, dela proximité au service du public et, particulièrement, auprès de ceux qui en ont le plus besoin, ceux qui subissent chaque jour les conséquences des politiques libérales ou assimilées…
S’attaquer au droit à manifester, à faire grève, en voulant installer un état d’urgence permanent, c’est s’attaquer au droit de revendiquer, au droit à défendre nos droits.
C’est pourquoi, aujourd’hui, en grève et dans la rue, nous réaffirmons notre liberté d’expression et de revendication. Nous réaffirmons contre toute politique d’austérité, que la fonction publique est un investissement et pas un coût ! C’est un atout. Si demain, tout revient au secteur marchand, si demain notre pays ne compte plus que des clients, alors la société ne sera plus qu’une sinistre jungle.
Défendre les services publics comme nous le faisons encore aujourd’hui, c’est sauvegarder l’intérêt général, c’est rester attacher à deux principes fondateurs de toute société : l’égalité et la solidarité. Deux principes qui sont les piliers des services publics.
Ainsi, exiger le maintien d’un véritable statut de fonctionnaire avec formations initiale et continue et déroulement de carrière, c’est certes une protection pour l’agent, mais c’est aussi, et sans doute surtout, une garantie pour l’usager d’avoir partout et toujours des personnels qui rendent un même service de qualité, quels que soient les aléas politiques. La situation que l’on connaît en ce domaine, avec la montée de l’extrême-droite,depuis quelques élections, ne peut que conforter cette exigence d’avoir un statut protecteur pour les agents et les services publics eux-mêmes. Contrairement aux déclarations du ministre Macron, pour nous le statut est toujours tout à fait « adéquat » !
Le maintien de ces services au plus près des usagers est une condition nécessaire pour leur efficacité. Dernier exemple en date qui touche notre département, la volonté de fermer le seul bureau des douanes du département ici-même à Evreux. Ces services luttent au quotidien contre la fraude fiscale mais aussi contre des fléaux remis sur le devant de la scène suite aux dramatiques évènements de 2015, la circulation des armes, de la drogue, la contrefaçon. C’est aussi un service public de soutien et de conseil aux entreprises. Les agents en grève aujourd’hui ont besoin de tous pour maintenir leur bureau au service de tous les eurois.
Supprimer des emplois publics est une constante des politiques depuis de trop longues années.
C’est vrai dans la fonction publique d’Etat où, si quelques ministères voient se créer quelques postes en nombre insuffisant, rappelons que c’est au détriment des autres ministères pour lesquels les emplois diminuent toujours, et la charge de travail pour ceux qui restent ne cesse de s’alourdir provoquant leur souffrance au travail.
Dans de nombreux services, la précarité s’accentue comme à l’hôpital où de plus en plus de contractuels sont recrutés pour un mois, conséquence directe de la loi santé qui a fixé comme objectif 3 milliards d’économie dans les hôpitaux et 22 000 suppressions de postes. Les « groupements hospitaliers de territoire » se mettent en place avec dans l’Eure le CHI Eure Seine comme établissement de référence, l’objectif étant de supprimer les services dits « doublons » (techniques, lingerie, économique..). A terme, ce sont la disparition des hôpitaux de proximité, la disparition des hôpitaux psychiatrique dilués dans les soins généraux qui est visée : c’est l’offre de soins de proximité qui est en danger !
C’est la même logique qui commence à gagner la fonction publique Territoriale. Une logique qui aura à coup sûr les mêmes effets : moins d’emplois, une dégradation des conditions de travail pour ceux qui restent, un service rendu au public en diminution…
Et après l’on nous dira que les services publics coûtent trop chers pour une qualité de service qui se dégrade. La boucle est bouclée. Il fallait pouvoir dénigrer les services publics pour pouvoir enclencher la machine à broyer la fonction publique et s’attaquer à ses statuts.
Si les fonctions publiques coûtent de l’argent ce n’est pas parce qu’elles dépensent trop ! C’est avant tout parce que l’État ne se donne pas les moyens de prendre l’argent où il est ! Le jour où la promesse d’une véritable réforme fiscale sera tenue, alors il y aura assez d’argent pour développer la solidarité nationale tout en rétablissant de la justice sociale.
La cause centrale de notre mobilisation aujourd’hui dans les 3 fonctions publiques c’est notre pouvoir d’achat. Une question qui touche tous les salariés français, du public mais aussi du privé. Depuis 2010, tous les fonctionnaires subissent le gel du point d’indice qui est la base de notre traitement. Nous subissons également l’augmentation des cotisations retraite à chaque 1erjanvier. Autant dire que sans changement d’échelon, notre salaire net baisse chaque année depuis 2010 !
Cette baisse cumulée depuis 2000 correspond à l’équivalent de deux mois de salaire perdus ! C’est considérable. Un peu comme si nous travaillions bénévolement deux mois de l’année. L’on se rend compte ainsi que les pertes subies ne sont pas anodines, mais simplement considérables.
C’est cette réalité brute qui doit être prise en compte par le gouvernement lors des discussions qui s’engagent en février. La première mesure que doit prendre la ministre de la fonction publique c’est de mettre fin au gel du point d’indice. C’est la condition sine qua nonepour que notre traitement ne baisse pas. La fin du dégel complétée par une revalorisation immédiate du point d’indice.
La seconde mesure c’est de s’engager à rattraper les pertes subies car le bénévolat est insupportable !
Évidemment, cette perte massive de pouvoir d’achat a des conséquences pour notre vie personnelle et familiale, mais ce n’est pas la seule. C’est aussi la déqualification de nos métiers et le renforcement d’un manque d’attractivité. C’est aussi une autre façon d’attaquer les fonctions publiques : plus insidieuse mais malheureusement très efficace. C’est ainsi que sur certains secteurs l’on peut voir des concours qui ne font pas le plein des postes à pourvoir. Une véritable reconnaissance des diplômes et des qualifications s’impose.
Oui, il y a bien nécessité qu’en matière salariale la politique gouvernementale change urgemment.
C’est aussi le cas en matière éducative. La priorité à l’École reste une formule incantatoire du ministère et ne se traduit pas concrètement dans les établissements par une amélioration des conditions d’enseignement.
Après plusieurs mois de mobilisation, dans le cadre d’une intersyndicale nationale très large, le mouvement de mobilisation contre la réforme du collège est aussi un temps fort de ce 26 janvier.
Le postulat de départ du ministère est que les élèves s’ennuieraient à l’école ! Mais quel mépris à l’égard des personnels de terrain qu’on a abandonnés depuis des décennies à gérer seuls les difficultés et l’échec scolaires, les incivilités et la violence. Au lieu de s’attaquer à des questions de fond, c’est la forme qui est revisitée ! Il n’est pas important de ne pas finir les programmes si les élèves apprennent en s’amusant nous dit la ministre. Ceci est répété pendant les indigentes formations collège que les enseignants subissent en ce moment. Les disciplines sont attaquées : par la diminution des horaires de français pour faire de l’Aide Personnalisée par exemple, par la globalisation des enseignements scientifiques qui permettront à un prof de technologie d’enseigner des sciences et inversement, par la mort organisée des langues dites « à faible diffusion » et des langues anciennes, par la déprofessionnalisation de l’enseignement grâce à la porte ouverte de certains enseignements interdisciplinaires à des non-spécialistes.
La réforme du collège de la ministre a pour seul but de récupérer un nombre considérable d’heures de cours et faire d’importantes économies. Il s’appuie également sur l’augmentation dangereuse de l’autonomie des établissements, une conception problématique de l’interdisciplinarité et de l’accompagnement personnalisé, un sort calamiteux réservé aux langues vivantes, régionales et anciennes, la globalisation des horaires d’enseignements artistiques, ainsi que ceux technologiques et scientifiques.
À tous ces problèmes de fond, les méthodes du ministère sont vécues de façon insupportable par les personnels : refus de rencontrer les partenaires sociaux, volonté de mise en œuvre de cette réforme, contre vents et marées, en tenant des propos blessants et humiliants pour les personnels, dans des réunions qui se transforment en machine de guerre contre les récalcitrants qui ne comprendraient rien aux vertus du projet ministériel.
Cette réforme du collège serait totalement inefficace pour lutter contre les inégalités sociales et scolaires, puisqu’en augmentant l’autonomie, elle accroit les différenciations territoriales, comme l’ a fait la réforme des rythmes scolaires. Elle ne garantit plus l’égal accès à l’instruction sur tout le territoire. Elle est dangereuse parce que s’appuyant sur des préjugés scandaleux sur la façon dont les enseignants travaillent aujourd’hui. C’est pourquoi nous en revendiquons l’abrogation immédiate.
Oui une réforme du collège est indispensable ! Mais cette nécessaire réforme du collège, pour être efficace, suppose la réduction des effectifs des classes, donc de véritables créations de postes, une diversification des situations pédagogiques, des programmes plus cohérents, un système éducatif moins concurrentiel. Elle suppose du temps de concertation rémunéré pour laisser les professeurs travailler ensemble.
En un mot, une réforme ne peut se faire sans écouter les acteurs que sont les professionnels. C’est vrai, aujourd’hui, pour les collèges. C’est vrai pour toutes les réformes passées et à venir, dans tous les secteurs d’activités.
Pour conclure, abordons un sujet qui concerne l’ensemble des salariés, du public comme du privé, et l’ensemble des organisations syndicales du département : la Bourse du Travail.
Vous le savez peut-être l’actuelle Bourse du Travail qui se trouve non loin de la gare d’Evreux est vétuste. C’est la raison pour laquelle, depuis de nombreuses années, en lien avec la mairie d’Évreux et le Conseil Général, une solution de relogement était recherchée. Or, depuis près d’une année, tout semble remis en cause. Le maire d’Évreux et le Président du Conseil Départemental font des déclarations, parfois mensongères, dans la presse tout en n’apportant aucune réponse à nos demandes réitérées de les rencontrer ensemble. Pour eux, la cause semble entendue. D’autant que les travaux de démolition d’une partie du secteur concerné sont maintenant achevés et que le maire d’Évreux fait dire, par presse interposée, que les organisations syndicales devraient libérer les lieux au milieu de 2017.
En clair et en bref, nous ne sommes pas à l’abri d’avoir un avis d’expulsion d’ici quelques mois.
C’est une situation proprement inadmissible, qui fait fi du rôle majeur que joue le syndicalisme dans notre société. Par courrier, nous avons demandé au Préfet qu’il joue un rôle de médiateur : il nous a répondu qu’il n’avait pas « de base légale » pour pouvoir jouer ce rôle. Circulez, il n’y a rien à voir ! Tout récemment nous avons écrit à la ministre du Travail pour qu’elle intervienne dans un souci de cohésion sociale et de respect d’une tradition républicaine dont elle est la garante.
Après une phase de discussions, vous comprenez que nous sommes maintenant dans une phase où notre première exigence est de sortir du blocage actuel. De toute évidence, il faut que les salariés interviennent dans ce combat pour une nouvelle Bourse du Travail départementale. C’est le sens de la pétition que les 8 organisations syndicales vous appellent à signer et à faire signer massivement. Sur ce dossier aussi, rien ne se passera sans les salariés.
Place et moyens donnés à la fonction publique, augmentation du pouvoir d’achat, réforme des collèges, Bourse du Travail autant de questions qui sont aujourd’hui au cœur de notre action. Autant de sujets sur lesquels notre détermination à gagner est intacte. Ensemble, continuons notre mobilisation pour combattre les régressions qui nous assaillent de toutes parts.
Comment pourrait-il en être autrement ? S’attaquer aux fonctions publiques, qu’elles soient de l’Etat, de la Territoriale ou de l’Hospitalière, c’est s’attaquer à ce qui a pour mission de garantir l’égalité, dela proximité au service du public et, particulièrement, auprès de ceux qui en ont le plus besoin, ceux qui subissent chaque jour les conséquences des politiques libérales ou assimilées…
S’attaquer au droit à manifester, à faire grève, en voulant installer un état d’urgence permanent, c’est s’attaquer au droit de revendiquer, au droit à défendre nos droits.
C’est pourquoi, aujourd’hui, en grève et dans la rue, nous réaffirmons notre liberté d’expression et de revendication. Nous réaffirmons contre toute politique d’austérité, que la fonction publique est un investissement et pas un coût ! C’est un atout. Si demain, tout revient au secteur marchand, si demain notre pays ne compte plus que des clients, alors la société ne sera plus qu’une sinistre jungle.
Défendre les services publics comme nous le faisons encore aujourd’hui, c’est sauvegarder l’intérêt général, c’est rester attacher à deux principes fondateurs de toute société : l’égalité et la solidarité. Deux principes qui sont les piliers des services publics.
Ainsi, exiger le maintien d’un véritable statut de fonctionnaire avec formations initiale et continue et déroulement de carrière, c’est certes une protection pour l’agent, mais c’est aussi, et sans doute surtout, une garantie pour l’usager d’avoir partout et toujours des personnels qui rendent un même service de qualité, quels que soient les aléas politiques. La situation que l’on connaît en ce domaine, avec la montée de l’extrême-droite,depuis quelques élections, ne peut que conforter cette exigence d’avoir un statut protecteur pour les agents et les services publics eux-mêmes. Contrairement aux déclarations du ministre Macron, pour nous le statut est toujours tout à fait « adéquat » !
Le maintien de ces services au plus près des usagers est une condition nécessaire pour leur efficacité. Dernier exemple en date qui touche notre département, la volonté de fermer le seul bureau des douanes du département ici-même à Evreux. Ces services luttent au quotidien contre la fraude fiscale mais aussi contre des fléaux remis sur le devant de la scène suite aux dramatiques évènements de 2015, la circulation des armes, de la drogue, la contrefaçon. C’est aussi un service public de soutien et de conseil aux entreprises. Les agents en grève aujourd’hui ont besoin de tous pour maintenir leur bureau au service de tous les eurois.
Supprimer des emplois publics est une constante des politiques depuis de trop longues années.
C’est vrai dans la fonction publique d’Etat où, si quelques ministères voient se créer quelques postes en nombre insuffisant, rappelons que c’est au détriment des autres ministères pour lesquels les emplois diminuent toujours, et la charge de travail pour ceux qui restent ne cesse de s’alourdir provoquant leur souffrance au travail.
Dans de nombreux services, la précarité s’accentue comme à l’hôpital où de plus en plus de contractuels sont recrutés pour un mois, conséquence directe de la loi santé qui a fixé comme objectif 3 milliards d’économie dans les hôpitaux et 22 000 suppressions de postes. Les « groupements hospitaliers de territoire » se mettent en place avec dans l’Eure le CHI Eure Seine comme établissement de référence, l’objectif étant de supprimer les services dits « doublons » (techniques, lingerie, économique..). A terme, ce sont la disparition des hôpitaux de proximité, la disparition des hôpitaux psychiatrique dilués dans les soins généraux qui est visée : c’est l’offre de soins de proximité qui est en danger !
C’est la même logique qui commence à gagner la fonction publique Territoriale. Une logique qui aura à coup sûr les mêmes effets : moins d’emplois, une dégradation des conditions de travail pour ceux qui restent, un service rendu au public en diminution…
Et après l’on nous dira que les services publics coûtent trop chers pour une qualité de service qui se dégrade. La boucle est bouclée. Il fallait pouvoir dénigrer les services publics pour pouvoir enclencher la machine à broyer la fonction publique et s’attaquer à ses statuts.
Si les fonctions publiques coûtent de l’argent ce n’est pas parce qu’elles dépensent trop ! C’est avant tout parce que l’État ne se donne pas les moyens de prendre l’argent où il est ! Le jour où la promesse d’une véritable réforme fiscale sera tenue, alors il y aura assez d’argent pour développer la solidarité nationale tout en rétablissant de la justice sociale.
La cause centrale de notre mobilisation aujourd’hui dans les 3 fonctions publiques c’est notre pouvoir d’achat. Une question qui touche tous les salariés français, du public mais aussi du privé. Depuis 2010, tous les fonctionnaires subissent le gel du point d’indice qui est la base de notre traitement. Nous subissons également l’augmentation des cotisations retraite à chaque 1erjanvier. Autant dire que sans changement d’échelon, notre salaire net baisse chaque année depuis 2010 !
Cette baisse cumulée depuis 2000 correspond à l’équivalent de deux mois de salaire perdus ! C’est considérable. Un peu comme si nous travaillions bénévolement deux mois de l’année. L’on se rend compte ainsi que les pertes subies ne sont pas anodines, mais simplement considérables.
C’est cette réalité brute qui doit être prise en compte par le gouvernement lors des discussions qui s’engagent en février. La première mesure que doit prendre la ministre de la fonction publique c’est de mettre fin au gel du point d’indice. C’est la condition sine qua nonepour que notre traitement ne baisse pas. La fin du dégel complétée par une revalorisation immédiate du point d’indice.
La seconde mesure c’est de s’engager à rattraper les pertes subies car le bénévolat est insupportable !
Évidemment, cette perte massive de pouvoir d’achat a des conséquences pour notre vie personnelle et familiale, mais ce n’est pas la seule. C’est aussi la déqualification de nos métiers et le renforcement d’un manque d’attractivité. C’est aussi une autre façon d’attaquer les fonctions publiques : plus insidieuse mais malheureusement très efficace. C’est ainsi que sur certains secteurs l’on peut voir des concours qui ne font pas le plein des postes à pourvoir. Une véritable reconnaissance des diplômes et des qualifications s’impose.
Oui, il y a bien nécessité qu’en matière salariale la politique gouvernementale change urgemment.
C’est aussi le cas en matière éducative. La priorité à l’École reste une formule incantatoire du ministère et ne se traduit pas concrètement dans les établissements par une amélioration des conditions d’enseignement.
Après plusieurs mois de mobilisation, dans le cadre d’une intersyndicale nationale très large, le mouvement de mobilisation contre la réforme du collège est aussi un temps fort de ce 26 janvier.
Le postulat de départ du ministère est que les élèves s’ennuieraient à l’école ! Mais quel mépris à l’égard des personnels de terrain qu’on a abandonnés depuis des décennies à gérer seuls les difficultés et l’échec scolaires, les incivilités et la violence. Au lieu de s’attaquer à des questions de fond, c’est la forme qui est revisitée ! Il n’est pas important de ne pas finir les programmes si les élèves apprennent en s’amusant nous dit la ministre. Ceci est répété pendant les indigentes formations collège que les enseignants subissent en ce moment. Les disciplines sont attaquées : par la diminution des horaires de français pour faire de l’Aide Personnalisée par exemple, par la globalisation des enseignements scientifiques qui permettront à un prof de technologie d’enseigner des sciences et inversement, par la mort organisée des langues dites « à faible diffusion » et des langues anciennes, par la déprofessionnalisation de l’enseignement grâce à la porte ouverte de certains enseignements interdisciplinaires à des non-spécialistes.
La réforme du collège de la ministre a pour seul but de récupérer un nombre considérable d’heures de cours et faire d’importantes économies. Il s’appuie également sur l’augmentation dangereuse de l’autonomie des établissements, une conception problématique de l’interdisciplinarité et de l’accompagnement personnalisé, un sort calamiteux réservé aux langues vivantes, régionales et anciennes, la globalisation des horaires d’enseignements artistiques, ainsi que ceux technologiques et scientifiques.
À tous ces problèmes de fond, les méthodes du ministère sont vécues de façon insupportable par les personnels : refus de rencontrer les partenaires sociaux, volonté de mise en œuvre de cette réforme, contre vents et marées, en tenant des propos blessants et humiliants pour les personnels, dans des réunions qui se transforment en machine de guerre contre les récalcitrants qui ne comprendraient rien aux vertus du projet ministériel.
Cette réforme du collège serait totalement inefficace pour lutter contre les inégalités sociales et scolaires, puisqu’en augmentant l’autonomie, elle accroit les différenciations territoriales, comme l’ a fait la réforme des rythmes scolaires. Elle ne garantit plus l’égal accès à l’instruction sur tout le territoire. Elle est dangereuse parce que s’appuyant sur des préjugés scandaleux sur la façon dont les enseignants travaillent aujourd’hui. C’est pourquoi nous en revendiquons l’abrogation immédiate.
Oui une réforme du collège est indispensable ! Mais cette nécessaire réforme du collège, pour être efficace, suppose la réduction des effectifs des classes, donc de véritables créations de postes, une diversification des situations pédagogiques, des programmes plus cohérents, un système éducatif moins concurrentiel. Elle suppose du temps de concertation rémunéré pour laisser les professeurs travailler ensemble.
En un mot, une réforme ne peut se faire sans écouter les acteurs que sont les professionnels. C’est vrai, aujourd’hui, pour les collèges. C’est vrai pour toutes les réformes passées et à venir, dans tous les secteurs d’activités.
Pour conclure, abordons un sujet qui concerne l’ensemble des salariés, du public comme du privé, et l’ensemble des organisations syndicales du département : la Bourse du Travail.
Vous le savez peut-être l’actuelle Bourse du Travail qui se trouve non loin de la gare d’Evreux est vétuste. C’est la raison pour laquelle, depuis de nombreuses années, en lien avec la mairie d’Évreux et le Conseil Général, une solution de relogement était recherchée. Or, depuis près d’une année, tout semble remis en cause. Le maire d’Évreux et le Président du Conseil Départemental font des déclarations, parfois mensongères, dans la presse tout en n’apportant aucune réponse à nos demandes réitérées de les rencontrer ensemble. Pour eux, la cause semble entendue. D’autant que les travaux de démolition d’une partie du secteur concerné sont maintenant achevés et que le maire d’Évreux fait dire, par presse interposée, que les organisations syndicales devraient libérer les lieux au milieu de 2017.
En clair et en bref, nous ne sommes pas à l’abri d’avoir un avis d’expulsion d’ici quelques mois.
C’est une situation proprement inadmissible, qui fait fi du rôle majeur que joue le syndicalisme dans notre société. Par courrier, nous avons demandé au Préfet qu’il joue un rôle de médiateur : il nous a répondu qu’il n’avait pas « de base légale » pour pouvoir jouer ce rôle. Circulez, il n’y a rien à voir ! Tout récemment nous avons écrit à la ministre du Travail pour qu’elle intervienne dans un souci de cohésion sociale et de respect d’une tradition républicaine dont elle est la garante.
Après une phase de discussions, vous comprenez que nous sommes maintenant dans une phase où notre première exigence est de sortir du blocage actuel. De toute évidence, il faut que les salariés interviennent dans ce combat pour une nouvelle Bourse du Travail départementale. C’est le sens de la pétition que les 8 organisations syndicales vous appellent à signer et à faire signer massivement. Sur ce dossier aussi, rien ne se passera sans les salariés.
Place et moyens donnés à la fonction publique, augmentation du pouvoir d’achat, réforme des collèges, Bourse du Travail autant de questions qui sont aujourd’hui au cœur de notre action. Autant de sujets sur lesquels notre détermination à gagner est intacte. Ensemble, continuons notre mobilisation pour combattre les régressions qui nous assaillent de toutes parts.